Parfois l’inaction devient mouvement. L’inconfort devient souffrance. La volonté se plie face au corps qui se meut, qui tombe, qui n’en fait qu’a sa guise. On attend souvent (toujours) d’un récit qu’il comporte nombre d’éléments perturbateurs, qui viendraient rompre avec la monotonies de nos vies. L’imperceptible est action. L’infime est une tragédie. C. n’est ni triste, ni mélancolique, on ne peut même pas dire qu’elle s’ennuie. Elle vit ou elle survit on ne sait pas trop. Son existence n’a pas vraiment de but, elle a abandonné cette idée il y a bien longtemps. Les gestes, mécaniques, sont parfois troublés par des événements inattendus.
C. boit du thé, s’allonge sur un canapé, elle traverse une rue à un moment non définit, quelque part, elle s’assoit sur une table, le bol est tombé, elle se perd dans la contemplation d’un frigo vide. Un ananas pourrit dans un coin, l’odeur est insupportable, mais ça elle l’a oublié. Le rideau se soulève, porté par un filet d’air frais. Elle fume une cigarette, bois un verre d’eau, elle marche la nuit au détour des rues. Les chaussures abandonnées dans l’entrée, un t-shirt qui pend à la fenêtre. Se couper le doigt en ramassant les morceaux de ce bol qui est tombé, on ne sait plus trop quand déjà. On fait de l’inaction une loi.